Extrait du journal

Le sourire léonardesque, si pur, si perspicace et si doux, dont mille fades contrefaçons ne sont pas parvenues à écœurer, il est de bon ton d'en dire, aujourd'hui, que' Léonard ne l'a pas inventé. Il a vu .ce sourire assure-t-on, dans l'atelier de Verrochio, son maître. L'agile,et fier petit David du Barjello possède ce sourire, et aussi les anges déférants qui environnent le Christ que l'apôtr;ô baptise, dans le tableau 'de" l'Académie à Florence. Nous pensons bien que»nous allons faire hausser les épaules aux savants mais, selon nous, si certaines figures du maître de Léonard ont le sourire que Léonard devait donner aux siennes, c'est en vertu d'une loi de nature, d'une loi de mystère, analogue à celle qui fait qu'une femme sans grande beauté peut avoir quelques traits de ressemblance avec la fille merveilleusement belle qu'elle mettra au monde. Le sourire superficiel du David de Verrochio, ce n'est qu'une confidence prophétique, une sorte d'anticipation du génie, la lumière vague et blanchie qui colore un peu le ciel lorsque l'astre, ayant 1'anbe, est encore couche derrière l'horizon....