Extrait du journal

de Nanterre, où, pour être rosière, il ne fallait pas, comme à cette farceuse de Boulotte de Barbe-Bleue, que la rose fût tirée au sort, mais les quadrilles dansés à ce bal étaient si innocents que les mauvais sujets de canotiers l'appelaient le « bal honnête ». Et, en effet, c'était le qua drille de nos aïeux, avec ses pas, ses entre chats ; selon une expression pittoresque, on « tricotait des pieds ». En somme, une danse, alors que dans le monde le cavalier seul se bornait à marcher avec la solennité d'un prési dent de chambre à la cour. Et c'était bien ennuyeux pour tout le monde. A l'Exposition de 1900, le cancan ne battait plus que d'un tibia. La Goulue et Grille d'Egout avaient des façons si audacieuses de remuer le pied de droite à gauche, très haut levé, qu'on tremblait qu'elles ne perdissent l'équilibre. La compassion qu'on eut pour elles leur gâta le métier. * A quelque temps de là, au mois d'août, de passage à Paris déserté, j'aperçus de loin, dans toute l'avenue du Bois, un seul et unique cava lier. Je fis arrêter mon fiacre pour voir passer ce phénomène. C'était un danseur célèbre, à la retraite depuis quelques années faute d'enga gement. J'ignore si le cheval était à lui ou s'il l'avait gardé de son passé de splendeur, mais il était aussi désossé que Valentin le Désossé. Et cela semblait une cavalcade funèbre où le cancan figurait la Mort....