Extrait du journal

Il ne faut donc s'étonner de rien da'hs .les contes de fées, ou. plutôt, s'étonner ;de tout, si c'est du moins un plaisir que la surprise. Nous pénétrons dans un monde nouveau ou, pour mieux dire, nous apportons notre vieil univers sous un astre tout neuf, et voici qu'aussitôt toutes choses se meuvent selon des rythmes aue nous ignorions. Le chat devient fort éloquent il met des bottes, et l'on voit un carrosse, qui était tout à l'heure une citrouille, et rue traînent des souris muées en chevaux. Ce n'est point, on l'avouera, spectacle ordinaire, mais spectale heureux, si l'on n'oublie point que certains ne cessent de nous répéter que nous sommes de pauvres esclaves, que notre volonté n'est qu'une noire servitude, notre liberté une misérable illusion et que nous sommes seulement de tristes rouages dans une machine immense et souverainement laide. On répondra que nous ne sommes pas moins, en l'espèce, menés par les fées. Mais qui invente les fëes, si ce n'est nous-mêmes ? Et quelle allégresse, en face du déterminisme, quand, devant nous, six lézards verts se changent en valets de'pied, tout vêtus d'habits chamarrés....