Extrait du journal

Si les journalistes sont obligés d'avoir la main chaque jour plus large, en matière de documents inédits et de primeurs, à qui la faute, d'ailleurs? Au public, au pu blic seul, qui veut du nouveau, et qui ne te jette avec avidité que sur le nouveau. Notre directeur, M. Arthur Meyer, en a fait l'aveu devant les juges de la dixième chambre, avec la désinvolture d'un homme qui sait à fond «les secrets de non métier. « Dans le journalisme mo derne, a-t-il dit, dans le stseple-chase au quel la presse est obligée de se livrer pour renseigner le public, si pareil docu ment m'avait été offert, j'aurais cru man .quèr à mç>n devoir envers mes lecteurs en le repoussant... Mon plus grand souci au 'rait été d'empêcher un confrère d'avoir le volume pour le publier avant moi. » Ah! le document! le lecteur français est ainsi fait qu'il le dévore s'il est iné dit, qu'il le laisse impitoyablement de .côté, si instructif qu'il soit, quand il traîne. 1 Des journaux qui ont cent ans d'exis tence, des souscripteurs répandus dans les cinq parties du monde, le Times, pour ne citer que lui, ne soutient sa fortune, ne rajeunit sa clientèle qu'en faisant de temps à autre, qu'on me passe le mot, le coup du document inédit. Vous rappelez-vous celui du Congrès de .Berlin, au mois de juillet 3878 ? Le traité, le célèbre traité de Berlin, venait d'être 'rédigé, et on le signait en grande pompe au palais de la Chancellerie. Eh bien 1 il...