Extrait du journal
Mais lorsqu'ils voient que ces femmes du monde avec leurs équipages armoriés et même M. Costa ne sont pas des ogres qui mangent les petits enfants ni même les jumeaux de père, et qu'eux-mêmes s'entendent parler par leurs no bles et riches visiteuses en égaux et en amis, la glace se rompt, ils prennent confiance, ils s'ou vrent, et alors se forment des amitiés charmantes. Je sais telle femme du monde, très lettrée, de beaucoup d'esprit et de plus de cœur et de plus de vertu encore, qui écrit à un chaudronnier de là-b"as « mon cher ami » et à qui le chaudronnier répond «ma chère amie ». Il se mettrait en qua tre pour lui rendre service et vous pensez bien que s'il a besoin de quelque chose pour lui, les siens, ses amis ou ses voisins, il ne lui fera pas l'injure de ne pas le lui dire et qu'elle, à son tour, se mettra en quatre pour donner la recommanda tion, chercher la place, trouver le travail. Car c'est l'assistance par le travail que poursuit cette « œuvre », mais par le travail demandé en ami et donné en ami. vLes collaboratrices de M. Costa liront sûre ment le livre de M. d'Haussonville, Salaires et misères de femmes, si touchant dans sa simpli cité, et elles y trouveront de nouveaux champs à leur zèle, et des champs pleins de petites fleurs délicieuses. M. d'Haussonville nous donne, par exemple, le budget d'une jeune ouvrière, de celles qu'on appelle « petite main en confection », mot gentil mais un peu triste. La « petite main en confection » gagne 1 25 par jour, ce qui, pour •'année entière, fait 375 fr. Son loyer est de 100 francs, une robe 5 fr., un fichu 2 fr., deux paires dé bas 130, deux paires de chaussures 8 fr., deux chemises 2 50, une camisole 1 25, deux mouchoirs 0 80, deux serviettes 0 80, éclairage 4 fr., total 125 fr. 65. Que dites-vous de ce budget de toilette? Il lui reste pour sa nourriture treize sous par jour : le matin, lait, 0.05 ; pain pour la journée, 0.20 ; à midi, boudin, 0.10, pommes de terre fri tes, 0.05, fromage 0.10 ; le soir, une saucisse, 0.10, pommes de terre, 0.05. Voilà une petite pa risienne de dix-huit ans, jolie, gracieuse, éveil lée, adroite, qui ne se laisse pas conter fleurette et souvent fait taire son petit cœur et qui vit 365 jours de l'année avec 375 fr. ! Et vous ne vous feriez pas honneur de l'amitié de cette petite héroïne !...
À propos
Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.
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