Extrait du journal

On appelle le genre de l'OpéraComique « éminemment national », tantôt avec trop, d'orgueil, tantôt avec une ironique indulgence. Entendons seulement par là qu'il est le plus nôtre de tous, sans prétendre qu'il en soit le plus éminent. Ses chefs-d'œuvre, si l'on voulait et savait nous les rendre, pour raient encore aujourd'hui nous paraître aimables toujours et quelquefois déli cieux. Mêlé, par nature et par définition, de paroles et de musique, ce mélange fait la. faiblesse, la fausseté même de l'opéra-comique, au dire de certains philosophes ou critiques, et non des plus petits, mais pour le justifier ses amis ont donne des raisons assez fortes. Aristote déjà, que vous n'attendiez guère en cette affaire, y est cependant, sans le savoir ou le prévoir, intervenu. S'il est vrai, comme il l'assure, que l'Al ternative du chant et de la parole a la .faculté de remuer en nous la fibre tra gique, on peut se demander pourquoi dans un genre plus tempéré la même jvicissitude ne toucherait pas une corde moins grave, mais sensible également. Elle la touche, affirmait Saint-Saëns, quitte à la blesser un peu quelquefois. Mais « le petit choc désagréable qu'on éprouve au. moment . où. la musique, cesse pour faire place au dialogue n èst rien auprès de la sensation contraire » et de « l'effet, délicieux qui se produit souvent dans le cas où le. chant succède à la parole ». Enfin le plus musicien de nos grands poètes du dix-neuvième siècle c'est Musset que je veux dire a finement analysé dans son discours de réception à l'Académie le double caractère de l'opéra-comique et les justes rapports que l'action et le sentiment, par la suc cession de la parole et du chant., y sou tiennent ensemble....