Extrait du journal

Il gelait. Le pain, dans les cuisines des pauvres, devenait dur comme lès pierres. Dans les rues, autour des bra " seras, les agents grelottaient. Cette nuit-là était glaciale et crucifiante1;" elle fût pourtant toute illuminée de charité : à Saint-Sulpice, le Père Sànson parla au profit du Sanatorium du Clergé de France. . . , Le savait-on ? Des milliers de prêtres ; meurent de tuberculose ; des milliers de prêtres se sont épuisés par un don trop absolu d'eux-mêmes. C'est aux chrétiens qu'ils ont servis de les servir à leur tour. Le Père Sanson avait à dé velopper ce thème magnifique et dou loureux. On vit d'abord le célèbre oratorien traverser le chœur. On le vit, ombre , presque immatérielle, avancer vers la chaire et la gravir. Il promena un regard d'apôtre .sur la; foule. Une génuflexion. Un signe de croix. Puis il n'y" eut plus" qu'un silence pour entendre l'ardent Oratorien penché sur l'auditoire, le sé duire, le; convaincre et l'élever jusqu'à la cime de sa foi. Après avoir rappelé le mot de saint Paul aux Corinthiens : « Qui a souffert parmi vous sans que je souffre avec lui... Quoique libre à l'égard de tous, je me suis fait le. serviteur de tous », le Père Sanson fit, au milieu de l'émotion de tous, cette déclaration émouvante : « C'est en m'inspirant du même esprit de l'Apôtre qu'après avoir entendu la plainte de'tant de malheureux et tant de malheureuses dont la tuberculose a fait ses victimes, j'ai voulu, durant ces dernières années, mettre à leur service mon cœur et ma parole, essayant de ûie faire, moi aussi, tout à tous pour les sauver tous de l'effroyable maladie. Pour enrayer ses ravages, de magnifiques efforts ont été faits chez nous et parti culièrement depuis la guerre, et puis que l'occasion m'en est offerte, je tiens à saluer sans distinction d'opinions re ligieuses ou politiques tous ceux qui, en France, ont lutté contre le flot montant de la tuberculose. » Ensuite, ayant signalé qu'une lacune demeurait pour cette famille spirituelle de la Franco qu'est le clergé, c'est leur' cause, dit-il, que je viens plaider « et avec confiance, car je connais votre grand cœur, ô Parisiens ». Puis, ayant attiré l'attention de son auditoire sur la douloureuse situation du prêtre arrêté dans le service spiri tuel qu'il rond à l'humanité, il conjura tous les hommes de répondre à son appel. « 0 vous donc, qui que vous soyez, si vous avez une foi, pourvu que vous en possédiez seulement un germe, un désir, vous devez vouloir que la religion ne se perde pas dans l'humanité, et quand je dis la religion, je ne doute pas que vous entendiez qu'il s'agit du chris tianisme. Or, le christianisme tend à unifier l'humanité dans le temps comme dans l'espace par son enseignement et par .son culte. Il faut donc des hommes qui donnent cet enseignement, président à ce culte, c'est pour eux que j'implore votre pitié. N'oubliez pas que le prêtre qui, chaque dimanche, monte en chaire polir lire une page de l'Evangile, dont la doctrine revient toujours à dire : « Aimez-vous les uns les autres en ar » mant Dieu, faites mourir en vous » -l'égoïsme, demeure dans le monde le » porte-parole d'un idéâl que rien lie ». pourrait remplacer. "...