Extrait du journal

Au moment où la République triomphait le plus, le feu a pris à l'autel. A ce pro pos, notre confrère le Petit Journal cite une pensée délicieuse de M. Alphand. Quand le feu prend quelque part, a dit l'éminent commissaire général de l'Exposition, il ne faut jamais faire venir les pompiers, pour ne pas grossir l'impor tance du danger. Il est regrettable que le congrès inter national des pompiers qui vient d'avoir lieu récemment n'ait pas cru devoir étudier à fond la méthode de M. Alphand, qui, bien appliquée, éviterait peut-être des catastrophes. Par exemple, le feu éclate sur la scène d'un théâtre. Des flots de fumée commen cent à envahir la salle. Le public se lève épouvanté! - Mesdames et messieurs, dit le ré gisseur, n'ayez aucune crainte. Tant que vous ne verrez pas les pompiers, c'est qu'il n'y aura aucun danger. Cependant, la scène brûle ; mais les spectateurs ne s'en étonnent plus : . Ça doit être pour rire, songent-ils; car, s'il y avait un danger quelconque, les pompiers seraient déjà là. Le feu gagne la salle, et les premiers rangs de l'orchestre sont complètement Carbonisés. Conformément au système de M. Alphand, on évite soigneusement de pré,venir les pompiers, afin de rassurer le public des galeries. Grâce à cette précaution, tout le monde brûle et le théâtre est détruit de fond en comble ; mais au moins, jusqu'au dernier instant, personne n'a soupçonné l'impor tance du danger, et l'on a cuit tout douce fi'iêm, sans ces cris de désespoir et ces appels lamentables qui accompagnent or dinairement les incendies. Le lendemain, comme on n'a pas vu ve nir les pompiers, les journaux ne parient pas de la catastrophe et ne jettent pas...