Extrait du journal

Lorsque j'ai eu l'honneur de connaître Dumas père, en 1867, le maître avait beaucoup vieilli. Le succès, inconstant comme une courtisane, fuyait l'illustre écrivain ainsi les feuilles d'un arbre robuste, qui s'envolent une à une aux premières tourmentes. Dumas habitait au cinquième, dans un appartement modeste du boulevard Malesherbes. Je le vois encore, installé dès l'aube, dans son fauteuil de cuir, en manches de chemise, peachésurson labeur de géant. Il écrivait douze heures de suite, sans s'arrêter, d'une large écriture puissante, qu'il ne raturait jamais. Si quelqu'un venait, il lui tendait la main gauche et continuait son travail interrompu. Jamais homme ne fut créé comme celui là pour la production géniale. La nature l'avait comblé de ses dons les plus extraordinaires. Une tasse de lait le matin deux œufs et une côtelette à midi; un plat de viande et un plat de légumes le soir: cela suffisait à sa nourriture. Quant au sommeil, il dormait comme il voulait, quand il voulait, aussi longtemps qu'il voulait. Bien souvent il m'a dit: v...