Extrait du journal

« Les motifs par lesquels on a cru 'devoir irriter le peuple contre là noblesse et le clergé, ne militeront-ils pas uu jour aussi légalement et aussi victorieusement contre le tiers (autrement dit les classes bourgeoises) dans le,s,iècle qui se prépare, où la grandeur de la naissance et la sainteté des fonctions jusqu'alors révérées ne seront plus l'excuse et comme la sauvegarde naturelle des places et des fonctions ? » Tel n'est pas, du reste, le ton habituél du journal. Peltier et ses amis n'aiment guère à raisonner, à discuter. Ils sentent que la Révolution a partie gagnée, et, vaincus d'avance, ils se vengent de leur défaite en persiflant les vainqueurs. Ce qui fait la saveur de leur persiflage, c'en est d'abord la qualité littéraire. Ils sont tout nourris d'esprit classique, ils sont des humanistes, et de leur maître Voltaire,, qui fut le plus grand de tous les journalistes, ils ont appris l'art d'accommoder la raillerie de cent manières également piquantes. Leur raillerie revêt tour à tour la, :fortne d'un apologue, d'une parodie, d'un dialogue des morts, d'une citation latine, d'un quatrain ou d'un couplet. Mais la chanson est leur arme favorite. Ils reprennent tous les gais fredons, tous les lestes et sautillants refrains de la vieille France pour narguer la Franche nouvelle. D'une voix moqueuse, ils célèbrent le. désintéressement de Mirabeau sur l'air de « La bonne aventure oh! -gué » ou. du « Petit mot pour rire », et les vertus de ,Théroigne de Méricourt sur celui de Eh! zic. eh! zic, eh! zoc,...