Extrait du journal

Le marché allemand a, plus qu'un autre, besoin de calme. Il n'a pas pardonné la secousse onéreuse qui lui a été infligée sans motif. Et voilà comme, après cinq mois passés, le traité du 4 novembre 1911 fait une victime de plus, Les morts ne se comptent plus sur sa route. M. de Lindequist est tombé le premier M. de Selves après et puis M. Caillaux. Voilà le tour de M. de Kiderlen. C'est un record. A dire vrai, nous avons quelque peine à comprendre que lès Allemands soient si mécontents de nous prendre, sans bourse délier, 250,000 kilomètres carrés, que nous sommes, nous Français, si justement attristés de leur céder. Ce mécontentement s'explique pourtant, si l'on songe que ce que l'Allemagne voulait, c'était le Maroc, bien plutôt que le Congo. C'est vers le Maroc qu'on.avait tendu ses espérances et ses ardeurs. C'est le Maroc qu'on lui avait promis et ce Maroc, si la France ne l'a pas tout entier, l'Allemagne ne l'a pas du tout M. de Kiderlen a perdu son, crédit le jour où cette déception a été notoire. l'a perdu d'autant plus qu'on attendait davantage de lui.. Avez-vous vu, dans les chambres de malades, les réveils de confiance qui saluent l'arrivée d'un consultant fameux puis, le mieux ne venant pas, l'irritation découragée qui s'en suit ? Pour guérir la maladie marocaine, que le prince de Bülow lui a si fâcheusement communiquée, l'Allemagne avait appelé M. de Kiderlen et M. de Kiderlen, malgré son mérite, n'a rien trouvé de mieux que l'amputation du membre atteint. Le patient n'est pas satisfait. C'est, somme toute, assez naturel....