Extrait du journal

Le dîner est pour huit heures et deNous avons une heure et demie pour visiter la ville. Visite singulière-. ment instructive, grâce au secrétaire du préfet, M. Annicote, qui veut bien me guider. Chemin faisant, j'apprends l'émouvant détail de ce que furent les Dernières heures de l'occupation, les miimtes divines de la délivrance. On était sans nouvelles. Tout à coup, branle-bas, grand mouvement de véhicules que l'on charge,. fébrilement. A la kommandanture, on s'agite. On enlève des papiers, en toute hâte. Que se passe-t-il ? Chacun interroge. Toutés les espérances sont permises et pourtant, ce serait si beau, on désire tant ce qu'on ose à peine formuler, .qu'on se raidit contre l'espérance, comme en d'autres temps on s'est raidi ) contre l'épouvante. Un incendie l'hôtel. de ville est en flammes. Les Allemands brûlent ce qu'ils ne peuvent omporter. Enfin, les cloches, toutes les cloches se mettent à sonner. C'est la nuit, et pourtant, à l'instant même, toute la ville est dehors. Le lendemain matin, i8 octobre, la ville est entièrement pavoisée. Les drapeaux sont sortis de terre, comme par enchantement. Ils claquent joyeux à toutes les fenêtres....