Extrait du journal
Après trois ans de pratique, d'assiduité, de zèle, les Pharisiensrobtiennent, à dé faut de la grâce, la foi dans leurs vertus et le contentement d'eux-mêmes ; ils se prennent au sérieux et vous disent sans rire : « Des Parisiens comme vous I un Parisien comme moi î s Ne demandez pas pourquoi ils ne peuvent faire telle chose, aller dans tel endroit, admettre telle doc trine : mon cher, vous savez bien qu'ils sont trop parisiens pour cela! Grâce à Dieu, ce n'est pas eux qui tomberaient dans ces erreurs ! Et de perpétuelles ac tions de grâce s'échappent de leurs lèvres pour remercier le Seigneur qui les pré serve de l'hérésie. Eh bien, messieurs, je suis fâché de vous le dire, vous n'êtes pas des Pari siens ; vous êtes des boulevardiers ! On devient cuisinier, mais on naît rôtisseur. Si vous ne sentez « du ciel l'influence secrète », vainement, pour apprécier la cuisson d'un rôti, vous consulterez Ca rême et le livre de bouche du JockeyClub ; cependant vous pourrez apprendre à composer des sauces, à tamiser un coulis. L'art d'être boulevardier peut exister sans doute; on devient boulevar dier, vous l'êtes, tenez-vous satisfaits. Jamais, au grand jamais, vous ne serez Parisiens. Pourquoi? C'est que la lettre est morte, et que l'esprit est vivant ; c'est que Paris est la fleur monstrueuse de la France, la fleur où monte en frémissant toute la sève du pays, non la fleur inanimée, sans ra cine, artificielle, que les agences Cook et Lubin font voir aux voyageurs pressés. Paris est le refuge où concourent les émigrés de la province entière : les labo rieux, les affairés ; les aventureux, les aventuriers ; les meilleurs, les pires ; les quêteurs de pain et les chercheurs de gloire. Paris est l'alambic où se dis tille l'esprit de tout le peuple français, élixir de politique, de littérature et d'art. Paris est la ville héroïque et frivole de sainte Geneviève- et. de Coquelin ; la ville élégante du prince de Sagan, de M. Bischoffsheim, et la ville débraillée du...
À propos
Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.
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