Extrait du journal

Si ces temps ne sont pas encore venus, ils sont, au moins, prochains. La démocratie niveleuse en a hâté, autant qu'elle l'a pu, la venue, en s'es sayant, par tous les moyens, à démocratiser l'ar mée. La loi de 1889, par exemple, fut proprement une conspiration de l'esprit civil contre l'esprit militaire. Aussi bien ses auteurs ne s'en cachaient pas. « Nous nous sommes efforcés, disait le rap porteur, de taire une loi démocratique. En la vo tant, vous aurez beaucoup fait pour l'affermisse ment de la république ! » Elle était démocratique en ce sens qu'elle substituait le service nominal de trois ans au service de cinq ans, et le rendait obligatoire et universel. Or, l'esprit militaire ne conserve son prestige et sa vitalité qu'à la condition d'être corporatif. Il faut qu'il soit l'âme d'une élite dans la nation. Le jour où il se dilue dans l'universalité, il perd sa vertu et jusqu'à son nom. Une armée de mé tier sera militaire de la tête aux pieds, et sa vertu guerrière sera proportionnelle à l'intensité de l'esprit de corps qui l'anime. Une garde nationale ne sera jamais militaire et son aptitude à la guerre sera toujours nulle. Rien n'est plus décevant, à cet égard, que l'argument tiré par les publicistes et les orateurs antimilitaires de l'héroïque tenue des Boërs devant l'armée anglaise. Il est bien certain que rien ne ressemble moins à une armée que la levée en masse de ces braves gens ; et, ce pendant, bien qu'ils n'aient ni organisation ni métier militaire, ils se battent aussi bien que les meilleures armées. D'accord ; mais ils bénéficiant aussi décondi-...