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Le Gaulois, 26 mars 1899

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Le Gaulois
26 mars 1899


Extrait du journal

pETrr-GO Golenin, qu'on appelait communément le PetitGo, était bossu, triste, et vivait tout seul, bien qu'il fût très gai dans ses paroles et qu'il n'eût pas un instant de solitude, car il habitait la Cour, où il était bouffon du Roi. II portait, bien à contre-cœur, de beaux habits de satin qui faisaient remarquer sa laideur encore davantage, et tout le monde riait de lui. Il en riait comme les autres, parce que c'était son métier de rire et de faire rire à tout propos, et qu'il le voulût ou non; mais, au fond, il en était désolé, et rien ne lui semblait plus enviable que la beauté, précisément parce qu'il en manquait. Il aurait donné tout le reste avec joie pour être un joli chevalier s'en allant à la guerre et que les dames regardent partir avec regret. Il se sentait brave, en effet, mais sa bravoure ne lui servait à rien, puisqu'il ne devait chevaucher que des coussins de velours ou des manches à balai, comme un petit garçon, pendant toute sa vie, et cela le chagrinait tant qu'il en pleurait la nuit, dans son lit doré mais le lendemain il recommençait à en rire devant les seigneurs de la Cour....

À propos

Lancé par Edmond Tarbé des Sablons et Henri de Pène en 1868, le journal de droite Le Gaulois se définit comme un « journal des informations du matin et moniteur de l’ancien esprit français ». Sans surprise, son lectorat, assez limité, appartient essentiellement à la grande bourgeoisie. En 1929, le journal est absorbé par Le Figaro.

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