Extrait du journal

Cet enfant avait appris à lire sur les genoux de sa mère c'était pour l'un et pour l'autre un divertissement charmant. Aux approches de Noël, elle ouvrait un livre merveilleux et, sur le texte qu'il épelai[, elle lui monterait des images qui rendaient vivant le récit pour sa pensée ingénue. Afin qu'il n'oubliât jamais ces enchantements et qu'il connût toujours les éveils des matins féeriques de neige, elle commentait pour lui les illustrations et lui disait la divine légende, cependant que les yeux de son auditeur découvraient, en l'embellissant, la terre de Bethléem, là-bas, tout là-bas l'étoile des bergers, les solitudes que traversaient les Rois-mages, avant que de s'agenouiller aux pieds du nouveau-né, dans sa, crèche, qui tendait vers eux ses mains. La Vierge Marie se penchait vers lui et saint Joseph les contemplait en extase, tandis qu'un ange, auréolé d'une clarté d'or, les survolait. Le gamin écoutaft'et prononçait des « Ah! » étonnés qui rythmaient la lecture. Le bras qui l'entourait le serrait plus fort, pour le gardes, pour empêcher qu'il grandit et lui échappât. Parfois, c'était une interrogation naïve, sur un détail les explications qui détournaient de la réalité son esprit le contentaient, sans plus. Il n'avait pas besoin de comprendre. Il subissait un ravissement dans lequel il souhaitait demeurer. Il. croyait aveuglément aux joies qui lui étaient promises pour le lendemain. Le décembre, pieusement, il disposait ses souliers et, sur les minuit, à moitié éveillé, il entendait il en était sûr un léger bruissement d'ailes qui frôlaient son visage. Il soulevait ses paupières lourdes et, à travers les ténèbres, il apercevait une forme blanche qui était descendue du ciel dans sa chambre et qui s'envolait par la cheminée. Vaincu par le sommeil, il tombait dans un rêve éblouissant. Au petit matin, vêtu de sa longue chemise, il ramassait ses cadeaux, joujoux, friandises, mille riens précurseurs de la distribution qui comblerait ses vœux au jour de l'an. Il s'en emparait, les portait sur son lit, les étalait sur ses draps et, pleinement heureux, maître de l'unrvers pour quelques instants, la foi pénétrait dans son âme avec le sentiment d'un bonheur inexplicable et qui pourtant existais....