Extrait du journal

s'entend, d'être nourrice d'un nourrisson hors du commun mais ceux du commun avaientils une nourrice on s'en débarrassait en les expédiant à la campagne, où ils étaient alternativement gavés et privés de soupe à en mourir, ce qu'ils faisaient avec résignation. Mais il naissait tant d'enfants que la population s'accroissait gaillardement et l'on peut se demander si, par cette sorte de sélection à la spartiate ou à la chinoise, la race ne se trouvait pas être plus résistante, drue, raisonnable et prolifique. On n'appliquait point de tels systèmes, d'ailleurs empiriques, aux familles illustres, princières et royales. On en soignait les rejetons avec une attention constamment éveillée, une médiocre connaissance des choses et une thérapeutique qui nous étonne, autant sans doute que celle qu'on nous prescrit étonnera nos neveux. Toutefois convient-il de dire que le grand remède pour les enfauts, l'essentielle garantie qu'on cherchât pour leur santé, c'était une bonne nourrice. Et c'est encore à la mode...