Extrait du journal

11 y a longtemps que j'ai formé le dessein de dire ce que je pense sur la Vérité. Le nom que l'on me donne dans ce journal m'en imposait l'obligation pour montrer a quel poin.t j'ai le droit de me nommer Verax, il faut tnen que je dise comment j'entends la vérité, et à quel point je l'honore. Les anciens en avaient fait une divinité ils avaient créé pour elle une filiation imaginaire, mais des plus raisonnabtes, qui donnait à la fois une idée des conditions où elle naît et des heureuses conséquences qu'elle produit ils professaient qu'elle était fille du Temps et mère de la Vertu. Je ne m'arrêterai pas à l'idéal des fabulistes, qui la mettent toute nue et la font sortir d'un puits; l'allégorie est ingénieuse et d'une profonde phitosophie mais elle laisse l'esprit aux prises avec un mirage si gracieux, qu'au lieu d'en chercher le sens, on s'arrête aux charmes de la jolie déesse. Des poètes lui ont mis dans la main un miroir où elte se contemple, et où el)e voit les hommes et les choses sous leur véritable aspect. Le miroir sied aux mains d'une belfe personne; toutefois, ce petit meuble de toilette n'a plus aujourd'hui le même usage qu'autrefois; les femmes ne lui présentent plus guère que des artifices. Au lieu de le mettre au service de la vérité, elles le rendent complice des plus graves mensonges....