Extrait du journal

C'est peu que le bâtard ne soit plus risible au théâtre. On fait de lui le personnage sympathique, le héros et aussi l'homme à qui tout réussit au dénouement. Dans le Fils naturel, M. Alexandre Dumas fils, à l'aide d'un tour de force génial, nous intéresse profondément à un jeune gaillard ,dont la destinée devrait nous inspirer plus d'envie que de sympathie, attendu que son existence n'est qu'un pur enchantement. Elevé par une mère adorable, il devient le secrétaire d'un ministre délicieux, qui lui fait faire son chemin, puis il épouse une incomparable jeune fûle. Il a enfin la suprême joie de pouvoir dire à son père, homme riche, considéré et dont des millions de jeunes gens ne seraient pas fâchés d'être les fils naturels reconnus « C'est moi qui ne vous reconnais pas comme père. » Dans les Fourchambault, le bâtard éprouve une satisfaction encore plus douce pour une âme noble que la réussite de ses desseins dans la vie. Il goûte l'âpre volupté du sacrifice, l'immense plaisir de crier un magnanime: « Efface » en tendant à son frère légitime, qui l'a gifflé, la i*oue souffletée pour solliciter de lui un •aiser. Dans les Fourchambault comme dans le Fils naturel, l'enfant irrégulier seul vaut quelque chose, et la famille légitime lui sert de repoussoir plus ou moins odieux....