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Le Globe, 9 mai 1843

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Le Globe
9 mai 1843


Extrait du journal

PARIS, 8 MAI. RÉSUMÉ DE XiA QUESTION DES SUCRES. Nous allons essayer de réduire à des proportions facilement ac cessibles pour tous les regards le champ si vaste de la question des sucres ; d’émonder cet arbre, autrefois si petit, maintenant si im mense, des rameaux bâtards qu’on y a greffés ; en un mot de rendre la discussion claire, en la rendant simple et courte. La question dite des sucres consiste à savoir par quels moyens on pourra régler, d’une façon équitable, utile à la fois aux intérêts généraux de la politique, aux intérêts locaux des départemens et aux intérêts individuels du plus grand nombre la destinée des trois su cres qui se disputent le marché de consommation de la France, à savoir : le sucre provenant de nos colonies, le sucre provenant de la betterave et le sucre provenant de l’étranger. Pour qu’il y ait question, il faut qu’il y ait embarras ; pour qu’il y ait embarras, il faut qu’il y ait prétentions diverses et inconciliables; c’est précisément ce qui a lieu. 1° Les colonies allèguent le contrat qui les lie à la métropole, et aux termes duquel la France, en se réservant exclusivement leurs marchés pour y placer ses produits manufacturiers et agricoles, s’est engagée à prendre, par réciprocité et préférablement à tous autres, sur ses propres marchés, les produits de ses colonies. Or, la France a violé doublemment ce pacte ; d’abord en admettant le sucre de betterave dans la consommation, en concurrence avec le sucre des colonies ; ensuite, en accordant au sucre de betterave des privilèges de tarifs qui ruinent son rival. 2° Le trésor, qui est en définitive la caisse commune des contri buables, allègue que le sucre de betterave lui coûte annuellement des sommes énormes ; car, si au lieu de consommer quarante mil lions de kilogrammes de sucre de betterave , qui paie 25 francs de droits au trésor par cent kilogrammes, la France consommait une quantité équivalente de sucre étranger, qui en paie 65, la caisse commune recevrait la différence qu’il y a entre 25 francs et 65 francs multipliée par 400,000; e’est-à-dire seize millions de francs. Or, seize millions de francs de rente sont un beau denier ; et si au lieu de les faire gagner à trois cents fabricans de sucre de bette rave, on les ôtait de la côte des impositions territoriales, tous les propriétaires s’en ressentiraient, et ce serait assez juste. 3° La politique générale du gouvernement allègue que l’existen ce du sucre de betterave l’empêche de conclure des traités de com merce, qui seraient dans l’intérêt de notre agriculture et de notre industrie, soit avec le Brésil, soit avec l’Espagne, soit avec les EtatsUnis; car, pour que la Louisiane, le Brésil et les colonies espagno les pussent s’ouvrir à nos produits, il faudrait que la France pût s’ouvrir aux leurs. Or, le principal produit de la Louisiane, des co lonies espagnoles et du Brésil, c’est le sucre ; et tant que la France conservera celui de betterave, on ne pourra pas en recevoir d’au tres. 4° La marine militaire allègue qu’elle a besoin de matelots exer cés, et ces matelots ne peuvent lui être fournis que par la marine marchande. Or, la marine marchande ne peut se développer qu’à la condition d’avoir à porter de France à l’étranger et de l’étranger en France la plus grande masse possible de denrées d’encombre ment. Le sucre est l’une des denrées les plus encombrantes qui soient; mais si le sucre de betterave continue à paralyser' la production des colonies et à exclure l’arrivée et la consommation en France du sucre étranger, la marine verra naturellement diminuer ses opé rations et son personnel, et l’affaiblissement de la flotte marchande réagira sdr la flotte militaire, car le sucre de betterave forme bien des rouliers, mais il ne forme pas des matelots. 5° L’agriculture française, et spécialement celle qui produit le...

À propos

Le Globe était un quotidien guizotiste dirigé par Adolphe Granier de Cassagnac, partisan d’une monarchie tempérée par une Constitution et deux chambres. Journal politique défenseur de la Monarchie de Juillet et du suffrage censitaire, il fut publié de 1837 jusqu’à 1845. Cette tribune politique orléaniste sombra peu avant la chute de Guizot, trois ans avant la Révolution de 1848 et la fin de la Monarchie en France.

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