Extrait du journal
Chacun avait mené ce qu'il aimait le mieux, Ce qui faisait son talent, ses délices, Son rêve d’avenir, ses vœux et ses caprices ; Sa haine, son amour, son esclave, ses dieux. C’était tout un Etat qu’une telle assemblée. On commença très bien, chacun était d’accord ; Mais la fête bientôt fut tout-à-coup troublée Par quelque question du plus grand, du plus tort : Ce furent, lors, des cris perçans mêlés de larmes, Pour le moindre sujet d’effroyables vacarmes, Des réclamations, des injures, des coups. On n’entendait sortir de ces petites bouches Que ces mots trop connus : C'est à moi, c'est à nous ; On ne voyait que fronts haineux, regards farouches ; La Chambre n’est pas pire en ses jours de courroux ! On crut pouvoir sans peine arranger ces affaires, Faire entendre raison à toutes ces colères, On ne fit qu’aigrir les esprits De tous ces médians petits diables, On ne fit qu’augmenter leurs cris. Alors, un avocat, et des plus intraitables, S’écria : « Les enfans sont vraiment incroyables ! Pour des balivernes sans nom Les voilà tous en révolution, Etprès de perdre la raison ! » — « Et que faites-vous donc, vous autres, Gens sérieux et bons apôtres ? » Dit une marionnette oubliée en un coin, Et de tout ce fracas témoin ! « Vous riez des enfans et de leurs jeux frivoles, Et que sont donc à vous vos faits et vos paroles ? Comme vous regardez nos débats, nos loisirs, Dieu regarde en pitié vos soins et vos desire. Le dédain vous sied bien avec tant de misères, Et tant de vanités, de haines, de colères 1 Ils jouent à la marchande, aux châteaux, aux soldat» ; Faites-vous autre chose en vos tristes états ? Qu'est-ce, sinon un jeu, que vos trains d’avocats? Stupides ! vous riez en voyant leurs poupées 1 Ne vous souvient-il plus de vos amours trompées? Est-ce à vous de crier, à vous d’être surpris, 8u’on ie puisse à la paix ramener les esprits? lettres I vous êtes donc à calmer bien faciles ! A la voix du Seigneur vous êtes bien dociles 1 Rentrez donc en vos cœurs, allez, rougissez tous : Ces enfans, dans leurs jeux, sont ravina enfans que vous. »...
À propos
Le Globe était un quotidien guizotiste dirigé par Adolphe Granier de Cassagnac, partisan d’une monarchie tempérée par une Constitution et deux chambres. Journal politique défenseur de la Monarchie de Juillet et du suffrage censitaire, il fut publié de 1837 jusqu’à 1845. Cette tribune politique orléaniste sombra peu avant la chute de Guizot, trois ans avant la Révolution de 1848 et la fin de la Monarchie en France.
En savoir plus Données de classification - robert peel
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