Extrait du journal

Paris, 25 octobre. Le parti légitimiste est divisé en deux camps : l’un va trop loin, c’est le camp de la Gazette de France; l’autre ne va pas du tout, c’est le camp de la Quotidienne et de la France. L'un se précipite en avant du mouvement social, l’autre reste en arrière. M. de Genoude en est déjà au niveau politique, la France et la Quotidienne va sont encore aux privilèges. Rien de plus curieux 3ue de lire les appréciations de ces deux journaux sur le procès e M. le prince de Montmorency-Robccq. Ce qui les’frappe, c’est qu’on ait pu traduire sans façon, comme le dit la France, un Montmorency sur la sellette où, la veille, un manant s'était as sis. 11 faut voir avec quelles étranges grimaces ces nobles jour naux avalent le principe de l’égalité des citoyens devant la loi ; c'est pour eux un aliment de dure digestion. Voici le très ré jouissant article de la France à ce sujet : « Il fut une époque où un Montmorency marchait l’égal d’un prince de la maison de France. Aujourd'hui l’un des membres de cette illustre race est traduit sans façon, sous un prétexte ridicule, sur Vignoble sel lette où le dernier peut-clre des criminels de bas étago s’était assis la veille. La justice est égale pour tous, mais non dans une semblable cir constance, car on faisait résulter la criminalité du fait de la position mê me du prévenu. Les privilèges sont maintenant en sens inverse. Cette antithèse sociale une fois établie, nous ne l’apprécierons pas; nous res pecterons le passé, sans blâmer le présent. Hommes de notre siècle et du mouvement social-, avant tout, nous acceptons le monde tel qu’il se pro duit dans l’t^dre général,de ses transformations. Le niveau révolution naire a accompli soti oeuvre ; il a mis toutes les télés à hauteur uni forme, égalisé tous les hommes sous l’empire du droit commun : que le niveau révolutionnaire Soit notre maître et, seigneur. « Toutefois, en nous abstenant de rechercher les avantages ou les inconvéniens du trop grandn bellement des classés, nous croyons utile de signaler une bizarre particularité dans le procès de M. de Robecq. Sous quelle forme gouvernementale et par quel ministère ce procès a-t-il été entrepris ? Est-ce sous l’influence d’une per>séo révolutionnaire, de cet esprit niveleur qui, ainsi que nous le disions toul-à-l’heure, marche tête baissée et systématiquement à la fusion des classes? Si cela était, nous n’objecterions rien ; le pouvoir et ses a gens- nous sembleraient logiques, quelle que soit la valeur de leur théorie première. Mais telles ne sont pas les conditions actuelles. « La présence aux affaires de l’école doctrinaire révèle suffisamment l’esprit et la tendance du gouvernement d’aujourd’hui. M. Guizot ne l’eûtil pas dit lui-même dans le sein de l’intimite, ses journaux officieux nous l’apprennent assez par leurs préoccupations à l’endroit du parti royaliste, que le gouvernement redoute par-dessus tout, c’est ce grand écueil s principes devant lequel il se heurte sans cesse ; ce qu’il désire, c’est...