Extrait du journal
Nous demandions hier à la Réforme d’accorder quelque répi au Siècle : nous avions été profondément émus de l’accablement dans lequel celte feuille avait été plongée, à la suite des rudes attaques qu’elfe avait essuyées. Nous avions constaté sa douleur de se voir ainsi maltraitée par les patriotes, elle qui, à un mo ment donné, sait si bien déclamer les grands mots et les grands senlimens, lorsque les intérêts de son parti ne sont pas en cause. Nous espérions que son humilité aurait désarmé son ennemi; notre espoir a été déçu, et la Réforme charge de plus belle ses armes et recommence à diriger un feu aussi bien nourri que le premier contre ce pauvre Siècle : « Pour qu’on ne puisse point, dit la Réforme, se méprendre sur sa pensée et sur celle des hommes qu’il représente, le Siècle la résume en commençant par ces mots : « Notre temps n’est celui ni des grandes lut tes luttes, ni des caractères héroïques, ni des fortes convictions. » « Ainsi, tout est effacé aujourd’hui el tout doit l’être, parce que la gauche dynastique n’a ni couleur, ni force, ni vitalité. Quoi ! rien de grand ne nous reste ! tout s’amoindrit, tout s’en va, et le véritable idéal dans cette société qui décroît est l’affaiblissement des convictions ct des caractères ! « Il y a des vieillards qui, à mesure que leurs forces s’épuisent ct que leur vie se retire, s’imaginent quelquefois que le monde vieillit avec eux, et que Dieu lui-même mourra le jour où ils descendront dans la tombe.En attendant, le spectacle de la jeunesse leur déplaît, et ils trou vent que la suprême sagesse est d‘être vieux et caduc. « La gauche dynastique ressemble assez à ces vieillards. Elle est fai ble, moite, indécise, comme elle a toujours été. Aussi, voyez comme elle s’écrie : « Notre temps n’est celui ni des grandes luttes, ni des ca ractères héroïques, ni des fortes convictions ! » Pouvait-elle être plus nette et plus décisive? Elle a eu rarement, on en conviendra, un langage aussi clair et aussi précis. Les beaux discours que ferait M. Barrot, s’il avait toujours l’expression aussi franche et aussi dégagée ! « Il faut que ce parti, dont le Siècle est l’ergane, se sente bien faible et bien exténué, pour proclamer ainsi la déchéance des choses et des principes mêmes, de sa foi politique. Nous savions depuis long temps ce qu’il y avait de vide et de creux dans toute cette scholas tique constitutionnelle, qui a fait la fortune de JM. Barrot et de cçux qui l'entourent. Nous l'avons quelquefois qualifiée arec assez de franchise, mais nous n’aurions pas songé peut-être à la formuler avec autant d’energic gravée en relief. » Que va balbutier demain le Siècle, lorsqu’il aura vu la rude appréciation de son parti que renouvelle si heureusement la Réforme ? Mais aussi pourquoi n’avoir pas accepté silencieuse ment le jugement des démocrates et avoir voulu tenter une jus tification? A ce prix, sans doute, la Reforme aurait passé outre,...
À propos
Le Globe était un quotidien guizotiste dirigé par Adolphe Granier de Cassagnac, partisan d’une monarchie tempérée par une Constitution et deux chambres. Journal politique défenseur de la Monarchie de Juillet et du suffrage censitaire, il fut publié de 1837 jusqu’à 1845. Cette tribune politique orléaniste sombra peu avant la chute de Guizot, trois ans avant la Révolution de 1848 et la fin de la Monarchie en France.
En savoir plus Données de classification - barrot
- etranger
- gabriel
- scribe
- désaugiers
- delestre-poirson
- brazier
- pétrone
- la fontaine
- félix solar
- paris
- maroc
- félix
- brunei
- afrique
- havre
- la république