Extrait du journal

La rue du Volga, qui part du cours de Vincennes, aboutit obliquement dans la rue d’Avron, par une sorte de crochet brusque. Le 15 décembre de l’année 189. . , à la tombée de la nuit, la rue était déjà com plètement déserte. La température incléinente n’engageait guère les habitants à se risquer dehors. La neige tombait dru depuis le matin, et une nappe blanche enveloppait tout Par is, comme un linceul immense. L’épaisseur de la couche déjà tombée amortissait les pas des rares pro meneurs, et un silence lugubre planait dans l’air. Comme un murmure étouffé, on per cevait seulement le roulement lointain des fiacres sur la chaussée neigeuse et le glissement sourd des tramways sur les rails d’acier. Pas un souille de vent n’agitait l’atinosphère, et la neige, en une valse lente, s’épandait, tranquille, monotone, s’en tassant implacablement. Les réverbères autour desquels, comme une nuée do papillons blancs, voltigeaient les flocons de neige, envoyaient une clarté pâle, s’ef forçant en vain de percer l’obscurité....