Extrait du journal

La dissolution a été repoussée par une majorité de 43 voix. La proposition d'urgence, il y a quelques jours, n’avait eu contre elle que 29 voix. Il y a donc eu un recul sensible, puisqu'il est dans la proportion considérable de 29 à 43. Devons-nous, comme impérialistes, nous réjouir ou nous affliger du résultat de la séance d’hier ? Ni l'un ni l'autre, et à la rigueur nous devrions en montrer plus de satisfaction que de peine. Nous avions accepté la dissolution comme un remède forcé, désagréable,* et auquel nous nous étions résolus sans enthousiasme. La majorité de 43 voix qui l’a combattue prouve que le mal n’était peut-être pas aussi grand qu on le supposait, et le remède devient naturellement moins indispensable. Le Pays s’exprime en ces termes : « Il faut surtout que l'Assemblée actuelle ait épuisé ses dernières forces, qu’elle soit au bout de son mandat, et que la dislocation ait lieu, autant que possible, sans secousses et sans con vulsions violentes. » Nous l'avions crue finie , et c’est pour cela que nous demandions sa dissolution. » Elle nous prouve qu’elle vit encore : accordons-lui le chant du cygne ; elle a le droit de le chanter, quand son dernier moment, qui n'est d’ailleurs pas bien éloigné sera venu. » Evidemment la dissolution, et quelles que soient les conditions dans lesquelles elle s'opére rait, serait favorable au parti impérialiste et nous donnerait dans l’Assemblée une représentation proportionnelle qui est due aux progrès accom plis par nos idées dans la nation depuis trois ans, mais elle aurait pour résultat indéniable de pré cipiter la crise finale. » Or, avons-nous intérêt à marcher vite, trop vite ? » Sincèrement nous ne le croyons pas, et le temps gagné est de l’or pour nous. » M. Raoul Du val a défendu son projet de disso lution de la Chambre avec une véhémence qui prend un autre nom chez les journaux de la droite. Un extrait sommaire fera apprécier à nos lecteurs la dureté des choses que les droites ont dû subir : M. Raoul Duval. — J’ai été, au mois de décembre 4872, l’adversaire acharné de la dissolution. C’est qu’alors le sol de la France était occupé par l’étranger. Dans le rapport que j’ai alors eu l’honneur de déposer je combattais la dissolution et je vous disais que si nous ne pouvions rien constituer quand le territoire serait libéré , nous devions alors nous retirer pour rendre la parole au pays. Les Prussiens ont quitté le sol français il y a près de onze mois. Qu’avons-nous fait depuis? Au commencement même de cette session, quand la res tauration monarchique a échoué , nous avons pris un pis-aller. (Vive interruption à droite : à l’ordre !) M. Raoul Duval. — Il n’y a aucune idée d’offense dans ma pensée, mais il me semble que je puis me servir de ce mot pour indiquer un gouvernement qui n’est pas définitif. Toujours est-il, messieurs, que vous avez pris l’engagement solennel de voter des lois orga nisatrices de ce gouvernement et vous vous trouvez aujourd’hui dans l’impossibilité absolue de le faire. Faut-il donc comparer cette Assemblée à un négo ciant insolvable. (Interruption effroyable. Cris à l’ordre). M. Buffet. — Je rappellerai l’orateur à l’ordre et je provoquerai peut-être une peine plus grave s’il n’ex plique sa pensée. M. Raoul Duval. — Je veux simplement dire que l’Assemblée a fait des promesses qu’elle ne peut tenir. (L’orateur entre alors dans une démonstration par chiffres du mauvais état des affaires.) 11 termine en disant : Les affaires ne vont pas parce que cette Assem blée ne représente plus le pays comme elle le repré sentait au mois de février 1871. Chacun dit: le pays est...