Extrait du journal
des sentiments du peuple français et -de l'opportunité d'établir entré lés deux pays voisins des relations do vraie et de, cordiale amitié. Le désir du roi Edouard a été pleinement réalisé la présence ici de M. le président du conseil et l'association des marins anglaise à l'inauguration du monument du prince de Galles à Cannes, aussi bien qu'à la cérémonie d'hier à Nice en sent d'heureuses indications. Mon roi les apprécie hautement. La reine Alexandra, profondément touchée du respect témoigné pour son bien-aimé mari, me chargé d'en exprimer sa vive reconnaissance. » Et vous, poursuivit mon ami, n'avezvous pas, à votre tour, prononcé, au pied du monument l'éloge d'Edouard VII et retracé toute l'histoire de l'Entente cordiale ? « C'est avec méthode et circonspection, disiez-vous, que le roi prépara l'évolution nécessaire c'est avec mesure et. avec douceur qu'il pesa sur le gouvernail pour modifier la direction. Son influence ne se fit, d'ailleurs, sentir que dans les limites où son rôle constitutionnel lui permettait de la laisser agir. Comme le rappelait sir Edward Grey au mois de mai 1909, l'action du roi, dans la politique extérieure, ne se pouvait exercer que par l'entremise normale du Foreign Office mais sir Edward Grey ajoutait avec raison que les visites du roi aux cours et aux nations étrangères avaient été précieuses pour la Grande-Bretagne et cela, disait l'éminent homme d'Etat, parce que le roi possédait en lui un don spécial, qui n'a jamais été dépassé, le don d'inspirer aux gouvernements et aux peuples une légitime confiance dans le bon vouloir du peuple et du gouvernement anglais. C'est cette confiance qu'Edouard VII a immédiatement inspirée à la France, lorsqu'il est revenu, comme roi, dans le pays que, prince de Galles, il avait tant aimé à fréquenter. Près de neuf ans se sont écoulés depuis cette visite mémorable, qui a si heureusement mis fin à de longs malentendus et a étroitement rapproché deux peuples faits pour se comprendre et pour s'estimer. Des nombreuses questions coloniales qui avaient autrefois divisé la France et l'Angleterre, aucune ne semblait plus alors présenter de difficultés insurmontables un effort de conciliation pouvait aboutir à liquider le passé et à dégager, l'avenir. Edouard VII mesura d'un coup d'oeil rapide l'oeuvre à accomplir il entrevit immédiatement comme possible et comme désirable une combinaison qui, sans rompre, en Europe, aucune des ententes ou des alliances existantes, sans avoir contre personne un caractère provocant ou offensif,, associerait, dans un désir commun de paix et de travail, deux des nations européennes les plus riches par leurs ressources économiques et financières, les plus glorieuses par leur histoire, les plus libres par leurs institutions politiques. » Et vous disiez encore « Edouard VII était pacifique par tempérament et par goût, aussi bien que par raisonnement, et s'il se plaisait à appeler \a France la meilleure amie de l'Angleterre, il ne donnait certes pas à cette amitié une signification dont d'autres puissances pussent légitimement .s'inquiéter. Ce n'est pas dans un esprit différent que la France a elle-même pratiqué cette politique d'entente et que, .depuis la mort d'Edouard VII, elle y a fidèlement persévéré. Si- le bienfait de la paix est précieux à toutes les nations, il est particulièrement nécessaire à une démocratie républicaine qui cherche patiemment dans le travail, dans l'ordre et dans l'activité productrice plus de bien-être, de prospérité et de justice sociale. » Vous concluiez enfin par quelques mots qui n'ont peutr2tre pas perdu taut. intérêt d'actualité et qui furent, d'ailleurs, à cette date, fort applaudis en Angléterre; nos amis n'entendaient pas encore nous fixer les limites de nos forces navales « La France, attentive à sa tâche intérieure, ne songe à attaquer ni à provoquer personne autour d'elle; mais elle a clairement conscience que, pour n'être elle-même ni attaquée ni provoquée, elle a besoin d'entretenir, sur terre et sur mer, des forces capables de faire respecter son honneur et de défendre ses intérêts. C'est sur ses propres ressQurces en hommes et en argent, c'est sur sa propre puissance navale et militaire qu'elle doit d'abord compter pour la sauvegarda de ses droits et de sa dignité. Mais l'autorité qu'elle puise en elle-même se fortifie grandenïBnt du concours que lui prêtent, tous les jours, dans l'action diplomatique, ses amis et ses alliës et nous ne saurions oublier qu'Edouard VII, le premier, a favorisé, inauguré et poursuivi cette collaboration amicale entre la France et le Royaume Uni. » Comprenez-vous maintenant pourquoi Cannes a été choisie, plutôt qu'.Arras, Reims ou Verdun, comme siège du prochain Conseil suprême ? Le cabinet britannique'et le cabinet français ont eu l'heureuse intention de délibérer sous les auspices d'Edouard VII et à l'ombre de sa statue. Ils espèrent recevoir de lui de précieux, enseignements. Ils ont pensé que, dans une ville toute remplie de souvenirs britanniques, l'Entente cordiale courrait moins de risques que partout ailleurs et qu'elle y serait pratiquée selon l'esprit même de son fondateur, c'est-à-dire avec un mutuel respect de l'indépendance et de la souveraineté des deux nations. S'il survient entre les gouvernements quelque mésintelligence, ils n'auront qu'à jeter un regard sur cet Edouard VII, représenté par Puech en une attitude familière, vêtu d'un simple « complet » et coiffé d'une casquette marine. La seule vue de cette image sera pour eux un conseil et une leçon et vous pouvez être assuré que, dans un séjour à Cannes, personne n'aura l'idée de nous inviter à sacrifier une parcelle quelconque des droits de la France....
À propos
Lancé en 1883 sur le modèle du quotidien britannique le Morning News, Le Matin se revendiquait être un journal novateur, « à l’américaine ». Son directeur Alfred Edwards entendait donner « priorité à la nouvelle sur l’éditorial, à l’écho sur la chronique, au reportage sur le commentaire ».
En savoir plus Données de classification - bulot
- lloyd george
- millerand
- cerretti
- lescouvé
- philippon
- beaujon
- annan
- mr
- worthington evans
- france
- angleterre
- paris
- belgrade
- berlin
- italie
- nice
- autriche
- rudelle
- londres
- la république
- république française
- cour de cassation
- ligue des nations
- sénat
- foreign office
- union
- hartmann
- ibis
- etat français