Extrait du journal
Il ne fait plus guère île doute que c'était bien le Patrie qu'ont aperçu les habitants de Garmarthen, dans le Pays dé Galles, et ceux de Belfast, en Irlande, et ceux de Torrhead, au bord de l'Atlantique. Peut-être le vent jettera-t-il le ballon sur les côtes! des Hébrides ou dans les montagnes. d'Ecosse. Peut-être l'Océan l'engloutira-t-il sous l'écum'e de'ses flots. De toutes manières, le croiseur aérien est maintenant perdu pour la France et pour la défense nationale. A qui incombe la responsabilité de la perte ? Le Patrie voguait encore dans les airs qu'en France les accusateurs se le-. valent déjà et jetaient l'anathème sur ceux-ci ou sur ceux-là'. Il y a toujours des citoyens qui se dressent, quand une catastrophe se produit, pour prononcer un réquisitoire, et-demander des têtes. Le ministère de la guerre fera, avec le çalme et la sérénité qui conviennent, les enquêtes qu'il jugera nécessaires. Mais une chose est Certaine,, c'est que. l'équi-: page du Patrie était un équipage de bra-' ves gens qui eussent volontiers donné leur vie pour que l'accident ,ne se produisît pas. -Le pilote du dirigeable a fait son devoir, tout son devoir, déclarait, hier à quelques intimes le commandant Bouttieaux, directeur du parc militaire de Chalais-Meudon. Et le capitaine Bois a agi comme tout officier l'aurait fait à sa plttce. Quand la panne du moteur est survenue, il a voulu réparer dans les airs n'était-ce pas son devoir ?. La réparation fut impossible. Il atterrit et tâcha de réparer près du sol n'était-ce pas soïl devoir ?. On dit « II fallait dégonfler. » Depuis quand un capitaine faitil échouer son navire à la côte sans essayer de lutter contre les éléments ?. Mes officiers, qui étaient là, à quelques pas de cette frontière de l'Est, derrière laquelle des regards narquois les guettaient, ont obéi à ce sentiment que nul ,au monde ne peut leur reprocher, d'avoir voulu lutter jusqu'au bout. Pas un instant, ils n'ont désespéré de leur beau, de leur magnifique croiseur, dans lequel ils avaient une confiance inébranlable pas une minute, ils n'ont voulu admettre qu'ils devraient, aux yeux de tous, s'avouer vaincus. Ils n'ont consenti' à échouer leur ballon à terre, comme on jette un navire sur des rochers, que lorsque la tempête s'éleva, furieuse, imi,placable. Alors, ils voulurent recourir à leur suprême ressource la corde de déchirure. Cinq minutes avant la éatastrophe, un officier, le lieutenant Lenoir, était encore dans-la nacelle. La violence de l'ouragan lui arracha la corde au moment où il allait la manoeuvrer et le projeta à terre. Il n'a pas tenu qu'à lui de suivre jusqu'au bout le Patrie dans, son Eort, quel qu'il fût. Non, non, je vous le dis, officiers et soldats se, sont comportés comme de braves gens....
À propos
Lancé en 1883 sur le modèle du quotidien britannique le Morning News, Le Matin se revendiquait être un journal novateur, « à l’américaine ». Son directeur Alfred Edwards entendait donner « priorité à la nouvelle sur l’éditorial, à l’écho sur la chronique, au reportage sur le commentaire ».
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