Extrait du journal

Maintenant, est-il vrai de dire que la question d'Orient, avec toutes ses menaces et ses conséquences, est réouverte, et que la fumée de nos cuirassés formera un nuage d'où descendront les tempêtes ? Je ne le crois pas. Beaucoup de gens, tout en estimant qu'il était indispensable que la France ne laissât pas perdre ses droits et abolir son prestige en Orient, ont regretté que notre action n'ait pas été déterminée par un intérêt plus général que le recouvrement des créances de nos nationaux. Ils ne se sont pas aperçus que toute autre raison d'intervention, par exemple la question des garanties promises et non données eux Arméniens, eût touché aux rapports. du sultan' et de ses sujets, et que, sur ce terrain, il fallait marcher d'accord avec l'Europe. Le terrain sur lequel les circonstances et le mauvais vouloir du sultan nous ont placés est, au contraire, tout à fait limité, de telle façon que notre droit et notre devoir d'agir seuls restent incontestables aux yeux de l'Europe; On peut dire que nos cuirassés n'apportent dans les mers d'Asie ni un conquérant, ni un soldat même, mais un huissier. Seulement, comme la Turquie paraît manquer de déférence pour les officiers ministériels et de vénération pour le papier timbré, oil fait escorter l'huissier afin que, s'il y a lieu, la saisie exécutoire soit une saisie effective....