Extrait du journal

Nous sommes entrés dans une ère nouvelle. La vie, dans un mouvement irrésistible et prodigieux d'activité, chaque jour se transforme, s'élargit est s'éclaire. Les oreilles encore bourdonnantes et les yeux éblouis d'un long passé fameux, mal .réveillés d'un écrasant sommeil de tumulte, d'épouvante- et de gloire, comme après' le repos d'une nuit s'attarde à l'aube le voyag'euf qui ,se souvient. des étapes franchies, nous avons quelque temps hésité, dans la confusion premisère, entre le rêve nostalgique qui est le mal de l'eri-deçà et le rêve utopique qui est le mal de l'au-delà. Mais à rêver l'on n'avance guère sur les routes de la Vie. Le passé est mort et l'avenir veut vivre. En route, il faut aller les yeux ou• verts devant soi et le pied ferme sur son chemin, avec confiance, avec volonté le ciel est vident froid aux regards inquiets. g£É. Vers l'avenir. Nous allons vers le progrès. Il ne suffit plus à nos besoins d'entretenir avec nos voisins de distantes et rares relations. L'existence économique et sociale d'un pays dépend à notre époque de l'activité incessante, 'entendue' et sagement; ordonnée de tous. Le temps n'est plus où la vie lente et étroite retenait enclos dans leur province, dans leurs cités, dans leurs villages; les habitants qui, par des 'rapports défiants et réservés entre eux, arrivaient presque, mais très mesquinement, à se suffire à eux-mêmes. -Jadis, 'quand un commerçant, un cultivateur, dbéissant à de dures nécessités, avait, au trot monotone de son cheval ou juché sur un char à bancs, 'fait soixante kilomètres pour aller au chef-lieu, cela prenait l'importance d'un événement, et, I longtemps après le timide voyage, .au» tour du foyer calme, on en parlait encore et non sans émotion. Ce voyage, cependant, avait permis d'agrandir le cercle des affaires on y avait trouvé sou-...