Extrait du journal
Je n'ai pas le loisir de lire les romans qui paraissent chaque jour. Ils sont trop 1 U me faut donc choisir entre eux, et mon choix va de préférence vers les oeuvres où, à travers un récit intéressant en soi, l'auteur a eu la préoccupation de traiter une question de morale sociale. C'est le cas pour le roman Vénus, de M. Michel Gorday. Le récit, lestement narré, est agréable en ses épisodes divers, et on y voit passer des personnages peints d'après nature par un homme qui sait voir la vie de' Paris et scruter les caractères. Mais l'originalité et la hardiesse du roman que j e signale et recommande à nos lecteurs, c'est que ce « roman d'amour » aborde la question de l'amour sous un jour nouveau. Il ne se contente .pasde nous dire les passions ou les désirs qui poussent et possèdent homme et femmes. Il traite un sujet plus délicat et plus intime que celui de l'amour 'sentimental, et, pour ainsi dire, abstrait. Il aborde et je dois dire de suite que s il levait avec une rare précision, il le fait aussi avec infiniment de tact lâ. question capitale de la façon dont la passion ou le-désir trouvent à'se satisfaire dans les conditions actuelles de notre société. Il montre les périls, les tristesses de tout ordre qui peuvent naître de l'amour. Par là, Vénus a conquis à la fois le suffrage d'écrivains socialistes, comme M.Brieux, et de savants, comme M. Duclaux. En notre pays où l'amour et là galanterie tiennent une place absorbante dans notre littérature, M. Michel Corday a eu le courage de s'en prendre aux «inconscients criminels qui ont chanté sur tous les tons, vanté sous tous les formats, le plaisir facile, charmant, inoffensif, abondant, but de la vie ». Il ose apostropher durement Vénus, « déesse inféconde et malade, dont le flanc maudit recèle la moitié de la misère humaine ». Et je pense qu'on doittenir pour la conclusion morale de son roman le testament d'un père qui, avant de se tuer, laisse à son fils. ce conseil :'«. Il,ne faut pas croire l'amour ni si charmant, ni si facile, ni si important dans la vie. »...
À propos
Lancé en 1883 sur le modèle du quotidien britannique le Morning News, Le Matin se revendiquait être un journal novateur, « à l’américaine ». Son directeur Alfred Edwards entendait donner « priorité à la nouvelle sur l’éditorial, à l’écho sur la chronique, au reportage sur le commentaire ».
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