Extrait du journal

UN DÉSASTRE II n'est pas inutile d'avertir le public français, qui hé s'en doute pas, quoique les journaux l'aient dit, que de désastreux accidents viennent de se produire dans la marine française. En tout autre pays, notamment en Angleterre, les aventures du Jeanne-d'Arc et du Châteazi-Renault auraient soulevé une émotion passionnée dans l'opinion publique. Mais chez nous?. Bah! Est-ce que cela compte? Nous donnons nos millions par centaines, pour avoir une défense nationale. Les' routines, les abus et les cor.rupfïons jettent nos centaines de millions à l'eau. On s''en aperçoit, il est vrai, le jour où l'on a la guerre,' et où l'on est battu, puis envahi; mais en attendant, on jouit d'une douce tranquillité, tandis qu'il faudrait se donner toutes sortes de tracas pour déranger dans leur parfaite quiétude les gens qui nous perdent. Nous avons, depuis le début du siècle, coutume dé ne pas marchander les millions à notre marine (maintenant plus d'un milliard tous les quatre ans), sans qu'elle nous fournisse rien en échange. C'était une habitude à prendre. Elle est prise. Continuons. Qu'était-ce que le Jeanne-d'Arc et le Château-Renault Deux des navires en construction qui pouvaient nous donner les plus belles espérances. Conçus en d'autres temps- au moment où le pire esprit de routine n'était pas redevenu le maître absolu dans la flotte, grâce aux radicaux repentis,. portés au' pouvoir pour le détruire, et qui se sont hâtés de se faire ses plus humbles domestiques le Jeanne-d'Arc et le Château-Renault devaient pouvoir faire preuve d'une rapidité d'allure odieuse à notre vieille amirauté seuls, parmi les navires que nous construisons, ils devaient aller aussi vite...