Extrait du journal

Tout cela est encourageant. Mais pour que l'édifice soit solide, il est clair, il est évident, que la France a besoin de s'entendre avec une ou plusieurs grandes puissances. Avec des petits Etats quelles que soient leurs ressources et leur stabilité, avec les alliés, quelle que soit leur fidélité, la France ne refera pas une Europe. Or, elle ne peut pas compter sur le concours actif de l'Angleterre. Hier encore des hommes en vue de la Cité pas tous, mais de notables refaisaient un manifeste en l'honneur du lilire-échange impérial Cette théorie d'après laquelle l'Angleterre, ses colonies et ses dominions se suffiraieilt à eux-mêmes, n*a qu'un tort; c'est que -jusqu ici nous l'avons bien entendue prëcher à Londres, mais rarement dans les dominions. On sait que les idées des Anglais n'évoluent pas vite, et il faudra du temps pour qu'ils se rendent compte que l'Europe, reconstituée, peut offrir é leur industrie un champ d'expansion d'une réelle valeur. On ne peut pas davantage compter sur l'Italie. Ce pays traverse une crise fiévreuse d'ambition, sou vainement, devenue frénétique, et de mécontentement qui touche au délire de la persécution. L'Italie victorieuse oublie ce qu'elle a conquis en territoires et en prestige; toute organisation européenne, méditerranéenne ou mondiale, lui apparaît comme faite de chaînes intolérables. Cependant, comme après ces périodes d'exaltation, la vive intelligence qui est le patrimoine commun des Italiens reprend toujours le dessus, je suis convaincu qu'ils seront fort bien représentés à Genève, et que s'il y a un pacte à signer ils ne seront pas absents. pas plus qu'ils ne le furent au traité de Locarno, qu'ils n'avaient cependant pas souhaité....