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Le Matin, 10 juillet 1911

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Le Matin
10 juillet 1911


Extrait du journal

Le dimanche 16 septembre 1906, entr" deux bourrasques de pluie, exactement à 4 heures 4 minutes 30 secondes, la foudre, entrant dans la terre par un chemin de fissures creusé par les eaux fluviales, fit sauter 40,000 kilos de poudre B.G et 63,000 kilos de poudre. noire entass,és dans les caves du fort de MontUn cri monte au ciel. comme si un million de lions rugissaient de rage Le fort tremble et gronde. La terre est labourée -par des rails de 300- kilos qui survolent les, fortifications. Dans une colonne de fumée noire, tandis que la pluie redouble, les hauts remparts de la façade principale s'écroulent sur une trentaine de mètres. Le pont-lèvis disparait. La façade ouest se couche complètement, l'ailé gauche est brisée, les canons de forteresse démolis, leurs roues pulvérisées en sciure de bois. Plus de casernements. Une forêt de hêtres est .fauchée comme une gerbe d'avoine. Le magasin à poudre se change en abîme*, mais au fond de cette cave insensée, 1*,oeil,'du. démon pourrait voir une poule hébétée, « encoré vivante Dans l'air glissent des arbres déracinés, aux feuillages roussis flottant comme des voiles mornes. Des monceaux de fer, de cuivre, de briques et de tuiles, des poutres et des débris de canons sont emportés à des distances effrayantes. Les talus s'affaissent en cratères de vingt mètres de profondeur. Non loin, à l'extrémité du mont, du côté de la vallée du Doubs, un formidable bloc qui sert de muraille au fort roule dans le ravin la récolte se transforme instantanément en champ de cailloux plantés comme des menhirs. La tête du factionnaire file à cent vingt mètres et s'aplatit dans le sol comme un biscaïen. Un soldat; demi-vêtu et sanglant, projeté hors d'une fenêtre, va s'empaler sur une grille. Un homme qui chassait à trois cents mètres du fort tombe, la tête fracassée. Plusieurs jeunes filles sont soulevées dans les vignes et renversées les unes sur les autres. Un carré de pierre de taille pesant 560 kilos traverse un bois, bolide' affreux, hachant les arbres sur son passage, et s'arrête à un kilomètre du lieu de l'explosion. Le choc en retour se fait sentir jusqu'à Besançon un -vasistas de aa salle des fêtes du casino s'ouvre tout seul, et à la Taverne des vitres se brisent lentement. Sur ce léger son de verre meurt la catastrophe....

À propos

Lancé en 1883 sur le modèle du quotidien britannique le Morning News, Le Matin se revendiquait être un journal novateur, « à l’américaine ». Son directeur Alfred Edwards entendait donner « priorité à la nouvelle sur l’éditorial, à l’écho sur la chronique, au reportage sur le commentaire ».

 
 
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