Extrait du journal

Tout semblait aller, sinon mieux, du moins un peti moins mal. La longue crise dont souffraient tous les intérêts depuis bientôt cinq ans, commençait à Dërdre son acuité les affaires reprenaient tout doucement; de légers symptômes de confiance flottaient vaguement à l'horizon. A l'extérieur, point de complications dangereuses pour la France. A l'intérieur, l'apaisement presque complet. Le voyage de M. de Freycinet avait servi de prétexte aux républicains de toute nuance pour se donner la main. Aucune crise ministérielle sérieuse n'est possible d'ici longtemps; c'est un genre de divertissement auquel la Chambre sait bien qu'elle doit renoncer, sous peine de mort. Les vieux partis se tiennent tranquilles, par lassitude des agitations inutiles. Les prétendants se reposent en voyageant, et se consolent de leurs déboires auprès du Kronprinz ou de la famille royale d'Italie, ce qui n'est pas bien alarmant pour la République. Un nouveau parti se forme clans la Chambre, et il est tout formé dans le pays, qui ne demande qu'à aider à la paix publique, à contribuer, pour sa part, à la marche sage et régulière des affaires. Jamais session ne s'était ouverte sous des auspices plus favorables. Après la grande alerte du 4 octobre 1885, qui eût pensé que la République dût se trouver en pi forte situation un an après? On ne lui demandait qu'une 'chose vaquer tranquillement jusqu'à la fin de la législature à la bonne administration du pays; élaborer d'utiles lois d'affaires. La matière ne manque pas; on a promis et on attend les réformés les plus urgentes rien que dans l'ordre judiciaire qui touche à tous les intérêts: réforme du code de procédure, réforme de la loi des faillites, etc. Des affaires? répond-on. Vous voulez des affaires ? Attendez un peu; nous allons vous en donner. Ah I vous demandez des lois d'aflaires ? Voilà l'impôt sur le revenu. Etes-vous contents ? Non Tant mieux; si vous étiez contents, nous ne le serions pas. Vous voulez mieux encore ? Voici la question de la séparation de l'Eglise et de l'Etat....