Extrait du journal

C'est l'objet d'une noble ambition que d'être conseiller municipal de Paris. Paris est une admirable Tille c'est le joyau de la France et de l'Europe. On trouve ailleurs d'aussi beaux monuments, des promenades aussi riantes, des quartièrs aussi somptueux, un fleuve plus large et plus animé; nulle part toutes ces richesses ne sont réunies en égale abondance. Si l'on regarde son passé avant la Révolution, ce n'est pas se laisser aveugler par l'amour-propre natiorial que de lui donner cet éloge d'avoir été, après Rome, la capitale du monde. C'est à Paris, ou à Versailles, que résidait celui qu'on' appelait le Roi dans l'Europe entière. La Révolution donna tout à coup à la ville de Paris un rôle nouveau, à la fois grandiose et terrible. Pendant vingt ans, sous la République et sous l'Empire, le monde vécut de sa vie. Les nations ont beau se plaindre de la France et de la Révolution elles en vivent. Les souverains ne veulent pas venir céléhrer avec nous la date de 1789 les peuples y seront.. C'est la date sacrée de la raison et de la liberté. Nos ennemis eux-mêmes, en jugeant Paris, en le condamnant, conviennent que c'est la ville des plaisirs, la ville de la civilisation aimable et brillante, regina elegantiarum; mais c'est surtout la ville de la science, l'ardent foyer où s'élaborent les idées nouvelles; j'en atteste cette -accumulation merveilleuse d'écoles, de. bibliothèques, de musées, de collections d'art,de science ,et de technologie que domine l'Institut l'Institut -de France, comme il s'appelle officiellement, l'Institut du monde en réalité, puisque les savants du monde entier tiennent à honneur d'en faire partie présider aux destinées d'une telle ville, entretenir, restaurer, faire revivre ses palais, y ajouter d'autres merveilles, acclimater dans ses murs les découvertes pratiques de toutes les sciences, la conserver comme le témoin et la gloire du passé, la transformer à mesure que la civilisation s'améliore et grandit, c'est un plaisir sans cesse nouveau, un honneur, presque une gloire, une tâche bien faite pour passionner des esprits élevés, et je comprends que MM.Joffrin et Hovelacque la préfèrent à toutes celles que la fortune aurait pu leur imposer ou leur offrir...