Extrait du journal
POURQUOI dites- vous cela ? Nous sommes frères dans la même cause. » Ainsi m'interrompait, il y a on an, le président >Wilsbn, comme à h :•* veille du départ je l'allais remercier de l'admirable accueil fait par l'Amérique à la mission française. Je le vois, je J'entends encore. Sa parole avait le poids d'un serment et son accent sa gravité tandis qu'un affable sourire témoignait d'une sympathie affectueuse et qu'un noble et ferme regard assurait des résolutions suprêmes. Bien souvent, depuis, je me suis rappelé cette parole et surtout en ces heures tragiques, où de tous les sillages de la mer un peuple en armes s'élance vers les frontières de la liberté. Et il se la faut rappeler encore, car elle décèle l'origine du mouvement formidable qui porte des centaines de mille hommes au combat. Certes, il ne fut pas indifférent à l'histoire que La.Fayette, il. y a cent vingt ans, soit allé faire resplendir les armes françaises aux champs de l'Indépendance. Par le sacrifice ancien de ses enfants, la France a conquis en Amérique une ineffable et virile tendresse. Mais, si puissante qu'ait été la gratitude de l'Amérique, elle ne peut pas tout expliquer. Et aussi bien nous avons mieux à faire qu'à établir entre elle et nous comme un compte courant d'héroïsme. C'est au Droit universel que s'est donnée sans retour l'Amérique, et à travers la France, qui en fut toujours le symbole. C'est à la France, terre prodigieuse des sacrifices, à toute la France, à la France d'autrefois, dont, plus éloignés que nous de son histoire, voyant moins que nous ses régimes disparates, les étrangers aperçoivent mieux que nous la sublime harmonie. Mais c'est ainsi, c'est surtout à la France d'aujour- i d'hui. Quelle révélation elle leur fut! Mobiliser toutes ces virilités et toutes les citoyens qui s'étaient, pour leur honneur, dispersés à travers les sillons de la pensée, rendre les coups sans le dire, les recevoir sans se plaindre ni forfani terie, ni faiblesse, ni accablement, ni frivolité, cet inoubliable spectacle a ému là-bas tous les cœurs et enflammé toutes les consciences....
À propos
Lancé en 1883 sur le modèle du quotidien britannique le Morning News, Le Matin se revendiquait être un journal novateur, « à l’américaine ». Son directeur Alfred Edwards entendait donner « priorité à la nouvelle sur l’éditorial, à l’écho sur la chronique, au reportage sur le commentaire ».
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