Extrait du journal

A Faube du 15 juin, les armées autrichiennes ont pris l'offensive en Italie. Tous commentaires antérieurs sont effacés devant cet événement dont la cause réside vraisemblablement dans des raisons politiques et aussi dans les nécessités intérieures d'armées bigarrées, rongées dans l'inaction par les désertions et une démoralisation grandissante. L'attaque présente contre nos alliés avait été escomptée depuis deux mois, et sa concordance avec la reprise de l'offensive allemande après la pause du mois de mai avait été admise. De ce qu'elle ne s'était pas produite, on avait' pu'croire qu'elle était définitivementabandonnée. Et, si, en fin de compte, l'Autriche s'est décidée à jouer tardivement la partie, les considérations militaires ne sont pas seules, entrées en jeu. Quoi qu'il en soit, les Italiens sont bien en présence d'un large mouvement agressif, développé selon les dernières méthodes allemandes. Le front de bataille, encadré par des actions d'artillerie soutenues, d'une part, jusqu'à l'Adige, de j'autre jusqu'à la mer, mesure dans ses sinuosités 70 kilomètres environ. C'est, en terrain de montagne, l'espace sur lequel peuvent être déployées une trentaine de divisions. Le théâtre choisi par,les maréchaux autrichiens est le même que celui où se prolongea. au cours de i'hiver dernier, la longue bataille dont le premier acte fut joué à Caporetto. Il est limité à l'est par la Piave moyenne, à l'ouest par l'Aslico. Coupé en son milieu par le fossé de la Brenta, il s'élève d'une part dans les contreforts qui soutiennent le haut plateau d'Asiago, de l'autre dans le massif du Grappa et ses multiples ramifications....