Extrait du journal

prêtre la robe et la main toujours prête à se lever pour bénir. Il avait du soldat la flamme dans le regard 1 et le vif parler des camps. Il ne di- < i sait pas mes bagages, mais mon ( fourbi. Il trouvait plus simple d'ap- 1 peler les conciles de son ordre « nos meetings de famille ». Et, avec un ( .bon rire, il désignait le vaincu de ,Verdun sous le sobriquet de Clown 'Prince. Il est connu dans l'Amérique enHère, où il réside depuis quarante 'ans, sous le nom de Mgr Obrecht, 'supérieur du monastère trappiste de Gethsemanie, près de Louisville, en i Kentucky. Il règne en ce couvent, qu'il gouverne comme un colonel sa forteresse, sur dix-huit nationalités. Il.parle cinq ou six langues et toutes également bien. Il est parti de Strasbourg, sa ville natale, avant l'autre guerre, et est allé partout 1 dans le monde, en Chine, en Afrique, en Amérique, là où il y a travailler pour le compte de Dieu, mais surtout à se battre pour le compte de ta France. 'C'est naturellement des bataillcs pour la France que nous avons parlé tous deux. Je lui dis qu'il était un peu douloureux de mener ce perpétuel combat, de réfuter sans cesse des calomnies, de redresser des mensonges, de montrer le vrai visage de la patrie. Mais le prêtre-soldat, lui, aime cette croisade sans fin. Il lui semble que, s'il n'avait point a ta mener, il lui manquerait quelque chose et que sa vie serait pareille à ces cieux insipides. dans lesquels on '• !ne voit jamais de nuages et sous lesquels ne se lève jamais de tempête....