Extrait du journal
En attendant, le cabinet allemand coñlînué à nous prodiguer les témoignages do sa bonne volonté. M. Schiffer, ministre de la justice, court au club démocrate et s'empresse d'y prononcer l'éloge de la cour de Leipzig. Non seulement le tribunal suprême du Reich est une juridiction impeccable, mais M. Briand, qui a osé.la suspecter, a commis un acte inexcusable et offensé l'honneur de magistrats intègres. Le président du conseil français n'a pas pris cette sortie au tragique. Il s'est borné à plaindre M. Schiffer de s'être cru obiigé, par ses fonctions, à défendre d'indéfendables décisions judiciaires. Il a eu parfaitement raison de laisser tomber cette polémique. Mais les décisions subsistent, l'état d'esprit qu'elles révèlent s'aggrave tous les jours, et le gouvernement de la République va se trouver demain dans l'obligation de prendre parti sur la conduite à tenir. Je ne prétends pas que les juges de Leipzig aient systématiquement cherché à innocenter des coupables. Au moment ,où ils se sont assis.sur leurs sièges, ils ne se sont sans doute pas dit' « Quoi qu'if arrive, nous acquitterons les généraux nous n'infligerons que des 'peines très légères aux colonels, nous serons un peu moins indulgents pour les capitaines, et, s'il faut absolument que nous soyons sévères, nous le serons pour les soldats. » Cette hiérarchie des jugements n'a probablement pas été l'œuvre de la préméditation elle est née tout naturellement du cerveau des magistrats, et peut-être ont-ils cru qu'elle sortait de leur conscience. j M. Schiffer a plaisamment invité M. Briand à se souvenir des cas nombreux où- l'opinion publique française s'était prononcée contre notre justice. Mon Dieu, oui Il s'est toujours trouvé, dans notre pays, des hommes de bonne volonté qui occupent leurs loisirs à juger les juges et les jugements. Cet inoffensif passe-temps a, dans tous les siècles, tenté 'les auteurs dramatiques, les publicistes et les romanciers et notre peuple n'a jamais connu de plus grande distraction que de voir ridiculiser un peu la justice. Il est, en général, plus frappé des imperfections qu'elle présente que des difficultés qu'elle rencontre et' après tout, il ne faut pas s'alarmer de cette disposition pessimiste, qui...
À propos
Lancé en 1883 sur le modèle du quotidien britannique le Morning News, Le Matin se revendiquait être un journal novateur, « à l’américaine ». Son directeur Alfred Edwards entendait donner « priorité à la nouvelle sur l’éditorial, à l’écho sur la chronique, au reportage sur le commentaire ».
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