Extrait du journal

'Brisant enfin sa. lourde ceinture de pierre, Paris s'apprête à raser ses fortifications la bande.de terrain vague qui, sur trente-deux kilomètres de long et quatre cents mètres de large, l'isolait du reste de la France, sera livrée demain aux architectes, maçons, terrassiers; peintres et plombiers, ces pacifiques cpnquérants des villes florissantes. Dans quelques mois, une forêt de maisons à sept et huit étages s'élèvera sur ce territoire inculte, inhabité, et couvrira ces terres « demi-vierges », qui demeuraient comme le reliquat de nos servitudes militaires. Mais r .là est la gravité de cet événement capital notre dernier « essol », -utilisable par la municipalité parisienne, disparaît par là même aussi, sans retour. Est-il temps encore de faire entendre le. çri d'alarme à ceux qui aiment Paris et à ceux qui en vivent ? Estil bon de leur dire toute la vérité ? Parmi les capitales de l'Europe, la ville de Paris est aujourd'hui la plus pauvre en parcs, squares, enclos et jardins publics ou privés. Un architecte de talent, doublé d'un hygiéniste et d'un philanthrope, M. Hénard, démontre, chiffres en mains, que nos espaces libres, qui constituent de précieux « réservoirs d'air pur » et qui sont, selon le' terme consacré, autant de « poumons », indispensables au bon fonctionnemént d'une cité, diminuent de jour en jour, dans une terrifiante proportion....