Extrait du journal

Par pays, il faut entendre le village eu sont enterrés les vieux et où on a bercé les petits, la maison dont les pierires épaisses ont fait écho à vos joies et abrité vos tristesses, les meubles qui furent vos compagnons silencieux du lojgis. Un tourbillon d'enfer a, depuis quinze mois, soufflé sur le village. Des 'tommes et des hommes ont passé, lutté, •^détruit, creusé, bâti, souffert dans les maisons. Des mains rudes, fiévreuses, ^parfois sanglantes, ont manié, brisé, remué, emporté, déménagé les meubles. Ce que vous trouverez au pays quand !vous y retournerez; ma brave femme'? Hélais bien des choses en moins. Peut;*tre, tout de même, quelques choses, en plus. • 'Des choses en moins ?. Vous ne trouverez plus un lit, une lampe ni un :poêle. Les lits s'en sont allés peu à peu, .comme les feuilles des arbres au vent Hd'automne on a d'abord pris leurs |draps et leurs couvertures, respectant le /matelas; puis le. matelas est parti, laissant à nu le sommier puis le sommier fiui-même a disparu, et nul alors n'a plus )cru devoir respecter le cadre de bois solitaire. Lès lampes, elles, ont été enlevées tout d'un coup et généralement transportée-- dans les entrailles de la fterre, où elles éclairent aujourd'hui quelque abri de bombardement, quelque cave de commandement, quelque .casemate 'de téléphone. Quant aux poêles, Sis errent à travers champs celui-ci chauffe la guitoune du génie dans le bois voisin celui-là sèche la case des artilleurs dans le fossé cet autre brûle feans la tranchée des fantassins, à contrepente de la colline....