Extrait du journal

1 PROPOS D'UN PARISIEN Il pleut des Manon Lescaut. Sans parler de celle de Massenet, nous avons depuis hier une Manon à l'Odéon et une autre au théâtre de Grenelle. La Manon, fille galante, de M. Henry Bataille, passera un de ces jours à la Porte-SaintMartin. Et je crois bien que l'héroïne de l'abbé Prévost dont le nom ne figure d'ailleurs sur aucune affiche paraîtra sur d'autres scènes encore avant peu. La désolante histoire de cette gigolette nous prouve que la sensibilité du dix-huitième siècle s'accommodait fort bien d' « opérations de police un peu rudes ». A cette époque, le guet raflait les « filles de joie », non pour les relâcher le lendemain, mais pour les expédier aux colonies. Et cependant, au' temps de Manon Lescaut, la galanterie n'avait pas, comme de nos jours, envahi le trottoir....