Extrait du journal

On ne voit pas sans regret l'alliance d'un esprit et d'un talent comme le sien avec cette ânerie démodée. Froid, grave, sérieux, sévère, M. Ribot exprime dans une langue claire et forte des idées qui sont le bréviaire commun des honnêtes gens. Mais, s'il les honore, il ne les sert pas. Son suite de la liberté, do la modération, du droit, de ta justice, de la conscience, qui s'épanche en phrases de noble allure ne va jamâis au-delà de la doctrine. Quand il a fini de parler, les praticiens de la République s'empressent à les égorger, èt lorsqu'ils ont achevé leur sinistrebesogne, M. Ribot ne cesse pas de reconnaître en eux des frères. Il est de la tête aux pieds, du sang aux moelles, de cette race de doctrinaires dont RoyerColiard fut en son temps le plus parfait modèle, qui sont de vivants manuels de la politique spéculative, et professent imperturbablement les mêmes principes en toutes circonstances, sans se préoccuper jamais des démentis terribles et parfois sanglants que la réalité inflige à leur savoir. Avec ce système, on fait des orateurs de marque ijui sont aussi des niais d'élite....