Extrait du journal

A ceux qui depuis longtemps proclament que les questions économiques 1 sont devenues les questions essentielles, laissant loin derrière elles nos ^pauvres dissensions politiques, ou plutôt devenant elles-mêmes les questions politiques'et déterminant des positions inat- tendues et des classements nouveaux qui .laissent parfois déconcertés nos aînés, les troubles suscités par la cherté des vivres pourraient être.le prétexte d'un facile triomphe s'il était permis de triompher d'un malheur public. 1 Ôr c'en est un que ces bagarres qui jettent les uns contre les autres les producteurs des campagnes et les eonsommateurs des villes, et risquent ainsi d'exaspérer un conflit auquel travaillent] sourdement, depuis de longues années, j tous ceux qu'effraye l'orientation nécessaire de la République vers une politique délibérément sociale. Retarder l'adhésion dos masses paysannes à cette politique, en excitant le vieux fond de défiance qui subsiste en elles contre l'ouvrier et l'employé des villes esta J'hêure actuelle le programme de .tout. un parti. Chaque loi sociale a été pour lui le prétexte d'un nouvel assaut. A ceux qui, dans leurs circonscriptions, subissent ce choc périodique, 'il appartient de ne pas attendre que soit tourné contre eux et contre leur politique l'antagonisme nouveau que risque' de déchaîner entre ouvriers et paysans le geste irraisonné dé quelques ménagères. ̃ Or à la brusque lueur d'un incendie qui sera vite apaisé, il faut l'éspérer, apparaît au contraire la solidarité profonde qui existe entre ces deux classes sociales; et que tout serait perdu le jour où l'amélioration croissante des conditiôns de la vie chez l'ouvrier et'l'employé ne permettrait plus au producteur des campagnes de s'assurer des débouchés à taux rémunérateur....