Extrait du journal

J'ai vérifié et photographié l'extraordinaire affiche dont m'a parlé le srnatriliL Quand je suis rentré, le soir, j'ai encore'trouvé celui-ci installé sur mon lit de camp, mais assis cette fois, avec, auprès de lui, dans une promiscuité répugnante, son ordonnance, un drôle ignohlement crasseux. J'ai réclamé la place, d'assez mauvaise humeur. Il est parti. Une heure après, il revenait dans un état épouvantable, tenant à peine debout et ayant à la main une bouteille de kummel qu'il suçait amoureusement. L'ivresse n'a pas tardé à le vaincre il a roulé à terre et a' ronflé jusqu'au matin. avril. Le temps étant très beau, aujourd'hui, j'ai fait une longue promenade à cheval. De tous côtés, au bord de l'horizon, on ne voyait que des camps, des bivouacs, ,avëc des alignements de fonte. C'est le 4° corps, qui a pris provisoirement position au sud de "Kountchouline. Dans les champs, les compagnies manœuvraient, s'exerçant aux déploiements en tirailleurs et aux charges. D'autres exécutaient des marches en chantant. Comme ce chant est sauvage et triste Sopranos et sifflements aigus dominent le chœur profond des voix, comme le vent domine le steppe immense. Ce chant seul, si émouvant, suffit à faire de l'armée russe la première armée de parade du monde. Il n'y a pas de marche guerrière, pas de Sambre-etMeuse enlevante qui produise un tel effet. Mais ce n'est que de la parade, et peut-être ferait-on mieux de soigner le tir et les côtés pratiques de l'instruction, plutôt que de faire ainsi des troupes de remarquables orphéons. L'année dernièrie, à Niou-Chouang, ( lesN soldats russes chantaient en chœur deux fois par jour, el. c'était tout ce qu'ils.faisaient comme exercices....