Extrait du journal

Sans doute, les grands seigneurs de la corporation ont parlé, ont écrit. Ils se sont jetés dans la mêlée à corps, ou plutôt à esprit perdu. La liberté est le privilège des hauts grades. Membres de l'Institut, Sorbonniens, se sont partagés entre les deux camps qui divisaient le pays; ils ont ̃échangé des 'coups. Mais ceux-là sont des professeurs de place publique. La politique n'a jamais pu être entièrement bannie de l'enseignement supérieur. Guizot, Michelet, Jules Simon, Saïnt-Marc-Girardin et tant d'autres furent, en leur temps, des tribuns en robe jaune. Les gouvernements ont pu les frapper, mais non pas les faire taire. Mais, derrière l'Institutet laSorbonne, ces pompeux parloirs de l'Université, il y a tout le corps enseignant, dont l'apostolat est confiné dans les classes, dont les leçons secrètes doivent aussi être discrètes. Là, on doit à l'enfance cette grande révérence, dont parle le poète. Il faut épargner aux âmes fraîches et tendres toute initiation prématurée. Il ne suffit même pas que le professeur ou l'instituteur observe, devant ses élèves, une neutralité officielle plus ou moins :contrainte. On lui demande encore, hors idu lycée, du collège ou de l'école, une gravité, une réserve absolue en ses entretiens, en ses écrits, afin que la conscience des parents ne soit pas inquiétée, que Mgr l'évêque ou M. le curé n'aient rien à dire, non plus que M. le vénérable de la Loge, et que M. le colonel et M. le capitaine puissent envoyer leurs fils au lycée, sans craindre qu'on y médise de l'état-major....