Extrait du journal

((CONFIDENTIEL)) niait. quelque tapage, ce rapport Voyron, refusé par le gouvernement au Parlement, mais communiqué par le Matin à ses innombrables lecteurs. Je sais plus d'un de mes amis qui en avait refusé la publication, effrayé par les paroles de M. Waldeck-Reusseau, et qui s'en repent à l'heure actuelle. Quelle raison d'intérêt général, d'intérêt gouvetnemental licite peut-on fournir en faveur du sécret. d'un tel document Qu'est-ce qu'il établit? Que des missionnaires ont organisé à leur profit le pillage d'un palais chinois, et cela en plein soleil, en présence de centaines ou plutôt de milliers de témoins. Un fait qui se produit de la sorte, devant tout le monde, dans le pêle-mêle du sac d'une ville, n'est, pas confidentiel. Quel est le résultat de la publication que nous avons demandée et qui a été faite par la presse, malgré le ministère 1 Révèle-t-elle un incident secret ? Point du tout elle ôte: simplement au gouvernement le moyen de nier, contre toute bonne foi, un incident qui avait été raconté à maintes reprises et qui s'était passé au grand jour; en d'autres termes, elle supprime au gouvernement une ressource de mensonge. Je ne sache pas que le caractère confidentiel des documents d'Etat ait jamais été considéré par les honnêtes gens comme destiné à sauvegarder de pareilles 'pratiques. Ici, le refus était d'autant plus grave, que ses véritables motifs étaient plus inexplicables pour la grande masse du public et plus explicables pour ceux qui suivent d'un coup d'ceil un peu inquiet l'évolution de M. Waldeck-Rousseau. Soutenir que la France peut être compromise, parce qu'on saura que des missionnaires se sont déshonorés par des actes de pillage, ce serait absurde. Ce qui reste au débat, c'est qu'on a entendu à la tribune M. Waldeck-Rousseau rompre avec ses amis de la veille, pour cacher les fautes lourdes de ces religieux qu'il dénonçait naguère comme les pires.ennemis de la, civilisation moderne. Les fameuses traditions de protection des missionnaires, n'ont 'rien à voir là-dedans; nul n'a jamais entendu que la protection devait aller jusqu'à couvrir les déprédations....