Extrait du journal

Fils d'un porcher de l'hôpital d'AujDrac, Chabot passa son enfance a traîner dans les cuisines de là grasse dorriérie; il y essuyait les chaudrons et surveillait les broches. Puis, de ce poste de croqueJardons, déjà bien en chair et la joue fleurie, il s'éleva par de basses intrigues au rang de gardien d'un couvent de Rodez. C'était, à ce moment, un rustre vigoureux ët d'appétits violents. La rude montagne d'Aubrac, noire de forêts, lui avait'façonné une âme sauvage, et, quand la Révolution éclata, elle trouva en ce capucin, .impatient de jouissances, un adepte forcené. Sa fumeuse éloquence, toute de coups de gueule, lui valut, dans les clubs de Rodez, timides encore, un. renom d'orateur patriote. Les alliés veriaient d'envahir le territoire un sourd frisson agitait lue pays; c'était, suivant l'énergique expression dont la mémoire tenace des paysans rbuergats retient en,coré le souvenir, l'année « de la peur». ,Chabot, gloire locale, parut à ses admirateurs le seul homme capable d'arrêter ;a réaction on en fit un député. Mais ni Paris, où, quelques mois, il promena sa crasseuse défroque, ni la Convention, où des voix plus puissantes étouffaient la sienne, ne convenaient à ses goûts de tyrannie solitaire. Il obtint qu'on le déléguât; en qualité de commissaire, dans son pays natal....