Extrait du journal

il est profondément regrettable que la presse autrichienne ait adopté, ces temps derniers, un ton maladroit. Elle a rendu plus difficile la tâche, si pénible, du noble vieillard qui préside aux destinées de la monarchie et de l'homme de bon sens qu'est le comte Berchtold, ministre des affaires étrangères. La presse autrichienne a trop crié « L'Autriche ne veut pas ceci. l'Autriche ne veut pas cela. l'Autriche se retirera de la conférence des ambassadeurs si lundi' soir les puissances n'acceptent pas son point de vue. l'Autriche marchera toute seule sans attendre la réponse du roi Nicolas l'Autriche ne donnera aucune compensation ni territoriale ni financière au roi de Monténégro. » Elle eût mieux su s'exprimer avec plus de modération et de prudence et si elle n'avait pas, par des déclarations prématurées, rendu très difficile un compromis que le gouvernement de Vienne aurait pu accepter. Il est injuste de dire que l'Autriche, qui se trouve dans une situation extrêmement difficile, « bluffe H. L'Autriche ne a bluffe » pas. Mais ses journaux, par leurs menaces qui sont restées sans exécution, lui en ont donné l'apparence. Si à Vienne on n'avait pas déclaré sur tous les tons « Nous ne donnerons aucune compensation au Monténégro », le comte Berchtold aurait pu envisager avec les autres puissances une légère rectification de frontière à accorder au Monténégro cette rectification de frontière, qui n'aurait gêné en aucune façon ni l'Autriche, ni l'Albanie, aurait probablement suffi pour permettre au roi Nicolas de s'incliner devant les décisions de l'Europe....