Extrait du journal

lies trois larmes (FEUILLES DE ROUTE D'UN MOBILISÉ) Vous vjulez bien, n'est-ce pas .? que je l,tisse encore parler un camarade ? C'est un enfant de cette rude terre d'Afrique qui trempe les caractères et durcit les âmes. Il regarde toute sensibilité comme une faiblesse et, le jour de la mobilisation, il s'est arraché des bras de ceux qui lui étaient chers sans une larme, sans un tressaillement. Oui, me confia-t-il d'urie voix basse et presque humble, depuis le commencement de cette guerre il m'est arrivé trois lois de pleurer. 4 »' La première fois, c'était au début et je.ne purs m'empêcher, quand j'y songe, d'en éprouver quelque honte. Mon corps, alors, n était pas assez brisé par la fatigue, pas assez rompu par l'entraînement violent de la lutte. On m'avait chargé de ravitailler en munitions toute une brigade c'était une tâche exténuante, qui obligeait à des allées et venues constantes entre le front et le parc, le parc et le front. Un soir, j'arrive au cantonnement,, après être resté deux jours et deux nuits à cheval, tombant littéralement de sommeil, la tête lourde, la pensée vide, pareil en tous points à ces bêtes harassées dont, même sous le fouet, on ne peut plus obtenir aucun effort. J'allais m'étendre sur une botte de paille quand j'entends prononcer mon nom c'est te colonel qui m'appelle Il faut, me dit-il, que vous remontiez immédiatement à cheval et que vous repartiez de suite. Il est de la plus extrême urgence qu'un nouveau convoi de munitions soit amené sur le front avant le lever du soleil....